De nombreuses raisons peuvent nous motiver à rester au lit : un état de fatigue, une envie de paresser, le confort douillet de son édredon lorsqu’il fait mauvais temps… Mais parfois, le fait de rester alité peut cacher un trouble bien spécifique : la clinophilie.
Qu’est-ce que la clinophilie ?
Définition
La clinophilie (ou clinomanie) est un trouble psychologique découlant souvent d’une maladie psychique, comme la dépression ou certaines formes de schizophrénie. Etymologiquement, le terme désigne le fait « d’aimer rester allongé ». Il ne s’agit pas d’hypersomnie, qui consiste à dormir profondément plus que de raison, mais d’un besoin irrépressible de rester constamment dans son lit, allongé, tout en étant éveillé. Certains l’étendent au fait de ne pas vouloir (ou pouvoir) quitter son domicile.
Symptomatologie associée
En général, la clinophilie s’accompagne d’autres troubles du comportement :
- Un manque d’élan vital, qui empêche d’accomplir ne serait-ce que les menues tâches du quotidien (se laver, se brosser les dents, se préparer un repas).
- Un sentiment d’isolement, puisque le fait de rester chez soi a des répercussions directes sur les relations sociales.
- Une tristesse, voire une réelle détresse morale, parfois refoulée, parfois admise et exprimée.
- Une amotivation, c’est-à-dire une perte de motivation généralisée à l’ensemble des aspects de la vie, obligatoires ou non.
- Des pensées négatives et une tendance au pessimisme systématique.
- Une hyperémotivité ou au contraire, une apathie.
- Des troubles du comportement (agressivité, irritabilité).
- Une fatigue chronique, sans capacité de récupération, malgré l’inactivité.
- Des conséquences arthro-squelettiques, comme la formation d’esquarres.
- Une perte de masse musculaire, due à l’absence d’activité physique.
- Des troubles du transit – souvent une constipation.
- Une perte ou une prise de poids, selon le sujet.
Quelles sont les causes de la clinophilie ?
La clinophilie n’est pas une maladie en soi, mais plutôt un symptôme, une manifestation d’une pathologie psychiatrique. Ainsi ce trouble peut découler :
- D’un état dépressif, car la dépression se caractérise entre autres par un retrait des activités sociales et/ou familiales de la part du sujet, et un repli sur soi.
- D’un état psychotique, comme la schizophrénie ou la psychose paranoïaque. La clinophilie est alors considérée comme une manifestation délirante, car le sujet a peur de sortir à l’extérieur, se sentant menacé et en danger.
- D’un trouble anxieux ou d’une phobie, à l’instar de l’agoraphobie (peur des lieux publics et des espaces ouverts) ou l’anthropophobie (peur des relations interpersonnelles). Le sujet est conscient de sa phobie, aimerait l’outrepasser, mais elle supplante toute raison.
- D’autres troubles invalidants, comme des troubles de la personnalité, des TOC…
- D’une toxicomanie.
- Du syndrome Hikikomori, ce syndrome d’isolement social originaire du Japon, qui se caractérise par l’évitement total de contact avec l’extérieur, motivé par un profond désir de solitude, une apathie générale envers les autres et une perception du monde extérieur comme hostile.
Comment prévenir et guérir la clinophilie ?
Prévention
N’importe qui peut être touché par la clinophilie, même la personne la plus sociable et active, pour peu qu’elle traverse un épisode dépressif (pas moins de 300 millions de personnes dans le monde), un burn-out ou une déprime passagère. Au demeurant on observe une prévalence de ce trouble chez les femmes entre 20 et 40 ans (souvent pour des raisons hormonales) et les personnes âgées. Il est donc difficile de prévenir la clinophilie. Par contre, le fait de maintenir des relations sociales de qualité (travail, famille, amis) a un effet bénéfique sur la santé mentale. Aussi, il est recommandé de maintenir des liens avec son entourage, voire de développer des expériences positives avec les autres.
Traitement
Quant au traitement, il découlera bien évidemment de la pathologie sous-jacente :
- Dans le cas d’une dépression, on traitera le sujet par un protocole médicamenteux (antidépresseurs) et une thérapie parallèle.
- Dans le cas d’un trouble psychotique, des antipsychotiques seront administrés au patient, qui bénéficiera également d’un suivi strict chez un psychiatre.
- Dans le cas de troubles anxieux, le protocole médicamenteux se fera à base d’anxiolytiques, complété par une thérapie.
En outre, les deux démarches psychothérapeutiques plébiscitées dans le contexte de clinophilie sont :
- Les thérapies cognitives comportementales (TCC), qui consistent en une restructuration positive des schémas de pensée, afin de minimiser (voire de supprimer) une phobie, une peur… Le but de la démarche est de placer le sujet dans une démarche proactive, en l’aidant à déconstruire des processus cognitifs (conscients ou non), à l’origine des émotions – dans le cas de la clinophilie, de déconstruire la « motivation » à rester dans son lit.
- Les thérapies interpersonnelles (TIP), qui s’axent davantage sur les bienfaits des interactions sociales. Il s’agit d’encourager le patient à « tisser du lien » et à rétablir un entourage social, en vue de se sentir mieux.