La moitié des Français environ se déclarent concernés par les problèmes digestifs(1). Parmi les troubles les plus souvent ressentis, les douleurs abdominales accompagnées de gaz (23%) et les ballonnements (10%) sont évoqués. Mais comment expliquer ce phénomène de ventre gonflé de gaz ? A-t-il une influence sur la prise de poids ? Et surtout, comment le résoudre ?
D’où viennent les gaz intestinaux ?
Pourquoi, parfois, a-t-on le ventre gonflé ? Il existe plusieurs éléments de réponse à cette question.
L’alimentation en cause
Bien souvent, la présence de gaz dans le ventre (aérocolie) est due à l’alimentation. Les ballonnements peuvent être causés par :
- Une digestion difficile de certaines fibres. Il existe deux types de fibres : les solubles et les insolubles. les premières (pectine, gommes, mucilages) se dissolvent dans l’eau et forment un gel visqueux doux pour la paroi intestinale. Elles ne causent en général pas de gaz ni de gêne. En revanche, les secondes (amidons, celluloses) ne se dissolvent pas dans le liquide et peuvent avoir tendance à fermenter dans le côlon, générant des gaz indésirables.
- Une sensibilité ou intolérance alimentaire. Le lactose, principal sucre du lait, et le gluten, substance collante présente dans certaines céréales, sont particulièrement incriminées. Tout le monde n’y réagit pas – tout dépend de son système digestif. Mais en cas de carence en lactase (l’enzyme permettant de digérer le lactose) ou de sensibilité aux prolamines (les protéines du gluten allergisantes), les gaz et les troubles du transit sont systématiques.
- Une alimentation trop riche en sel, gras et/ou sucre. Les lipides, molécules complexes, impliquent une digestion lente et exigeante, si bien qu’ils peuvent provoquer un inconfort intestinal. Le sel, lui, favorise la rétention d’eau, qui peut résulter en un gonflement du ventre. Enfin les aliments sucrés, et particulièrement ceux qui contiennent beaucoup de fructose, sont très irritants pour les intestins. Les produits « light » riches en édulcorants ne sont pas plus recommandables : l’aspartame et le sorbitol sont notoirement connus pour provoquer eux aussi des gaz.
- Un abus de protéines. Les régimes hyperprotéinés (Atkins, diète cétogène, Dukan) ont le vent en poupe. Cependant ils peuvent causer des réactions en chaîne dans l’organisme : une plus grande déshydratation, une digestion lente, une constipation et, logiquement, gaz et aérophagie.
- Des aliments chargés en air. La consommation d’aliments soufflés et boissons pétillantes entraîne une absorption accrue d’air, si bien que l’estomac puis l’intestin ont tendance à gonfler.
Les autres causes
D’autres facteurs peuvent contribuer à l’apparition des gaz intestinaux.
- Tout comportement provoquant une aspiration anormale d’air finit par avoir des répercussions sur le ventre. Ainsi, mâcher du chewing-gum toute la journée, fumer, parler en mangeant ou s’alimenter et boire trop rapidement peuvent entraîner ballonnements et météorisme abdominal.
- Certains médicaments, à l’instar des laxatifs, peuvent également causer des gaz.
- Certaines maladies peuvent bien évidemment être incriminées. C’est le cas de toutes les affections touchant les intestins (maladie cœliaque, maladie de Crohn, SIBO), mais aussi les infections et parasites générant une dysbiose (déséquilibre de la flore intestinale).
- Le stress, en perturbant le processus digestif, peut aussi jouer son rôle.
Les gaz dans le ventre peuvent-ils mener à une prise de poids ?
Stricto sensu, pas vraiment. Le poids de ces gaz est bien trop insignifiant pour avoir un impact sur la masse totale d’un individu. Par contre, ils induisent une sensation d’inconfort telle qu’on peut avoir l’impression d’avoir pris du poids. Le ventre est dur, gonflé et douloureux, si bien que l’on se trouve serré dans ses vêtements et qu’on a la (fausse) impression d’avoir grossi.
Toutefois, si les ballonnements sont réguliers, ils sont peut-être révélateurs d’une suralimentation ou d’un déséquilibre nutritionnel qui, eux, pourraient générer une prise de poids.
Enfin, un mot sur le microbiote intestinal. Il est encore, à l’heure actuelle, mal connu par les scientifiques. Par contre l’on sait qu’il joue un rôle dans la synthèse de l’énergie (donc dans la libération de calories) puisque la fermentation de certains des nutriments se fait au niveau intestinal. Par ailleurs les bactéries intestinales ont aussi un rôle à jouer sur les hormones et l’inflammation, directement impliquées dans le poids(2). Aussi il est fort possible que la qualité du microbiome puisse avoir des répercussions sur le poids. Il est donc fort conseillé d’en prendre soin, tant en consommant des aliments prébiotiques (qui favorisent le développement bactériologique), comme les fruits et légumes, que probiotiques (apport de bonnes bactéries), comme les aliments fermentés.
Comment en finir avec les gaz intestinaux ?
Pour apaiser son ventre et dégonfler, il existe cependant des solutions.
La première est très simple et découle directement des précédentes explications : il s’agit de faire un bilan de son alimentation et de voir si elle est trop riche, déséquilibrée ou sensibilisante. L’autodiagnostic peut être un peu fastidieux, car il s’agit d’éviter certaines classes d’aliments, une par une, et de voir si l’évitement a un impact en termes de digestion et de bien-être. Pourtant la méthode est éprouvée, et de nombreuses personnes découvrent ainsi leur sensibilité propre à certains aliments.
La seconde implique la prise pure et simple de médicaments, de type pansement digestif ou antispasmodique. Les premiers jouent comme un rôle d’ « absorbant » et limitent donc les gaz, l’eau et les toxines présents dans les intestins. Les seconds permettent de traiter les spasmes digestifs et calment les contractions involontaires des muscles ventraux. Enfin, si les ballonnements s’accompagnent de brûlures d’estomac, il est possible de prendre en complément un antiacide.
On peut également miser sur des solutions plus naturelles, si l’on est réfractaire à prendre des traitements médicamenteux. Parmi les solutions les plus communes :
- le charbon végétal activé, communément proposé pour résoudre les troubles de la digestion et du transit – malheureusement son efficacité n’est pas systématique ;
- les tisanes à base de plantes eupeptiques et carminatives, comme le fenouil, l’anis vert, la menthe poivrée, le romarin, le carvi, la mélisse ou encore la camomille ;
- l’homéopathie, comme Asafoetida 4 CH (en cas de gaz malodorants et ventre gonflé), China rubra 8 DH (si l’émission de gaz ne soulage pas l’inconfort), Kalium carbonicum 5 CH (en cas de ballonnements associés à une constipation) ou encore Gastrocynésine (préparation homéopathique).
Références
(1) 2021, Ifop, Les Français et les troubles digestifs
(2) 2017, Seganfredo et al., Weight‐loss interventions and gut microbiota changes in overweight and obese patients: a systematic review
