Le lactose : faut-il l’éviter pour mieux digérer ? - CalculerSonIMC
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Le lactose : faut-il l’éviter pour mieux digérer ?

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Il est aujourd’hui difficile de savoir quelle proportion de Français sont intolérants au lactose : entre autodiagnostic, pression du lobby laitier, disparités géographiques nord-sud (où les cultures alimentaires diffèrent) et faible proportion des diagnostiqués, difficile de chiffrer le phénomène. Certains chiffres publiés parlent de 15 à 20% de la population française. Mais qu’est-ce que le lactose ? Pourquoi est-il difficile à digérer ? Comment se traduit l’intolérance au lactose et que faire ?

Qu’est-ce que le lactose ?

Le lactose est un glucide naturellement présent dans le lait des mammifères : vache, brebis, chèvre (dans une moindre et mesure), mais aussi lait maternel. Il s’agit d’un sucre simple (molécule disaccharide, composée d’une molécule de glucose et d’une molécule de galactose) au pouvoir sucrant relativement faible. Il se concentre principalement dans le lactosérum (petit lait) et la caséine.

Où trouve-t-on le lactose ?

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On trouve donc du lactose dans le lait, qu’il soit entier, demi-écrémé ou écrémé. Dans le beurre, il est quasiment absent, dégradé lors du barattage. Il est également peu présent dans les fromages à pâte pressée (Comté, Beaufort, Emmental, Parmesan…), fermentés ou affinés, car l’égouttage et la fermentation l’éliminent partiellement. Enfin, tous les produits laitiers fermentés (kéfir, lait ribot, yaourts) n’en contiennent que des traces, les ferments lactiques le dégradant.

Par contre, le lactose est très présent dans tous les produits requérant, pour leur fabrication, l’adjonction de lait en poudre, de lactosérum ou de lactose. C’est notamment le cas des produits laitiers industriels, même peu transformés, comme les petits suisses, les fromages frais, la faisselle, le fromage blanc, la crème fraîche, les desserts lactés ou les crèmes glacées.

D’autres produits alimentaires industriels utilisent du lactose comme additif, car il permet de modifier la texture de certains aliments (consistance plus crémeuse), d’améliorer le goût, voire d’augmenter le poids du produit à un moindre coût. C’est par exemple le cas des charcuteries industrielles (saucisson, pâté), du surimi, des sauces, des produits de pâtisserie et boulangerie, des biscuits ou des confiseries.

Enfin, il peut être bon de savoir que certains édulcorants sont produits à partir du lactose et principalement employés dans les produits light (allégés en sucres) ou dans des aliments vendus sous appellation « teneur réduite en sucres ». Parmi ces édulcorants l’on peut citer le tagatose, le lactitol, le lactulose ou le tréhalose. Ces molécules dérivées du lactose ne sont néanmoins pas dénuées de calories et, en outre, peuvent avoir le même impact sur le système digestif  que le lactose.

Comme se digère le lactose ?

Le lactose est digéré et dégradé dans le tube digestif, principalement au niveau de l’intestin grêle, par une enzyme appelée lactase, et le gros intestin, par les bactéries du microbiote

En principe, tous les humains ont, lorsqu’ils sont nourrissons, une prédisposition génétique à secréter beaucoup de lactase, pour digérer le lait maternel nécessaire à leur croissance. Toutefois, après le sevrage puis à l’âge adulte, cette sécrétion diminue dans des proportions plus ou moins significatives. On observe par exemple une dotation plus importante chez les peuples traditionnellement pastoraux – leur consommation chronique de lait pendant des millénaires ayant eu des répercussions sur leur organisme (évolution génétique).

En cas d’hypolactasie (environ 75% de la population mondiale adulte), ce sont les bactéries intestinales qui prennent le relais de la digestion du lactose. Pour ce faire, elles produisent des éléments assimilables pour le corps, ainsi que des gaz (fermentation du sucre non dégradé).

Quand peut-on parler d’intolérance en lactose ?

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Tous les cas d’hypolactasie ne débouchent pas sur une intolérance au lactose. Chez certains individus, elle est asymptomatique. D’autres souffrent tout au plus de quelques ballonnements et gonflements abdominaux, en cas de consommation excessive de lactose. Mais chez certaines personnes, elle est avérée. C’est particulièrement le cas des populations d’Asie de l’Est et d’Afrique équatoriale, où le lait n’a jamais été traditionnellement consommé.

Mais comment se traduit l’intolérance au lactose ? La symptomatologie est claire :

  • les premiers symptômes apparaissent en général dans les premières heures consécutives à l’ingestion d’aliments contenant du lactose ;
  • leur intensité dépend de la quantité ingérée ;
  • la digestion entraîne des ballonnements, des flatulences et un gonflement du ventre ;
  • si la quantité absorbée est importante, le lactose peut donner lieu à des symptômes plus sévères, comme des diarrhées, des crampes abdominales, des maux de tête, voire des vomissements ;
  • les troubles digestifs sont systématiques et inévitables lors de la consommation de nourriture contenant du lactose.

 À préciser enfin que l’intolérance au lactose peut être congénitale (innée), bien que rare, ou découler d’une maladie intestinale, temporaire ou permanente. Ainsi, les personnes souffrant d’une colopathie fonctionnelle (également appelée syndrome du côlon irritable), de maladie cœliaque (intolérance au gluten), d’une maladie de Crohn ou du SIBO sont plus enclines à présenter également une intolérance au lactose. Mais une simple gastro-entérite, fragilisant l’équilibre de la flore intestinale et les villosités intestinales peut entraîner une intolérance passagère.

Comment se réalise le diagnostic de l’intolérance au lactose ?

Il existe actuellement trois tests médicaux pouvant diagnostiquer le déficit en lactase et, in extenso, l’intolérance au lactose.

Le premier consiste à réaliser une biopsie de l’intestin grêle, pour mesurer l’activité enzymatique, particulièrement celle de la lactase. Mais ce test est peu employé, puisqu’invasif.

Le second consiste en un test d’haleine : on administre au patient 10 g de lactose, puis on mesure la teneur en hydrogène de l’air expiré. En effet le lactose non digéré dans l’intestin grêle va passer dans le côlon, ou les bactéries le transformeront en gaz (dont l’hydrogène). Ce gaz va passer dans le sang et rejoindre les poumons, où il sera rejeté. Le souffle permet donc de détecter une possible déficience en lactase.

Le troisième est sanguin : il consiste à effectuer un test sanguin de glycémie après ingestion de lactose. Si la glycémie de s’élève pas, cela veut dire que le lactose n’est pas digéré, puisqu’il n’a pas été dégradé en glucose et galactose (les deux molécules le constituant). On peut alors établir l’existence d’une carence en lactase.

Comment gérer son intolérance au lactose ?

Aujourd’hui il n’existe aucun moyen de soigner l’intolérance au lactose. Ainsi, il faut agir directement sur son alimentation.

La stratégie d’évitement reste la meilleure : en évitant tout aliment contenant du lactose, on est certain de ne pas subir les symptômes de son intolérance. Néanmoins le lactose est adjoint à un nombre substantiel de produits transformés, si bien que la stratégie d’évitement implique de se priver de nombreux aliments et de lire dûment toutes les étiquettes.

On peut également décider d’ajuster son alimentation à son seuil de tolérance au lactose. Chaque individu est différent : certains toléreront une petite quantité, d’autres souffriront à la moindre absorption. Il s’agit donc d’expérimenter et de voir ce que l’on peut manger et jusqu’à quel point.

La prise de compléments alimentaires à base de lactase (boisson, comprimés) est également une alternative. Par contre elle se doit d’être ponctuelle, typiquement lorsqu’on sait que l’on va manger des produits riches en lactose. C’est un moyen de continuer à consommer des aliments « plaisir », de temps à autre, sans risquer les désagréments associés à l’intolérance.

La consommation de probiotiques – typiquement des yaourts « au bifidus » (Lactobacillus bulgaricus, Lactobacillus acidophilus) peut aussi aider, les bactéries permettant une meilleure digestion du lactose. Toutefois, cette recommandation est pondérée par le fait que les probiotiques absorbés par voie orale survivent rarement le processus digestif.

Enfin, le régime FODMAP au long cours peut être envisagé. En effet le lactose est classé parmi les FODMAP (Fermentable Oligo-, Di-, Monosaccharides and Polyols), puisqu’il est un disaccharide.  Il présuppose par contre une éviction (du moins pendant sa première phase) de tous les produits laitiers et ainsi, de possibles carences et un appauvrissement du microbiote intestinal. Il est toutefois évolutif et s’adapte aux sensibilités digestives de chacun.

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