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Lumière bleue : quels dangers pour la santé ?

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Les Français sont de plus en plus exposés à la lumière artificielle. Selon une étude menée en 2019, 55% des Français passeraient entre 2 et 4h par jour devant un écran, 21% de 5 à 7h et 16% 8h ou plus(1). Parmi les différents risques (sédentarité, risque d’obésité, perturbation du sommeil et des interactions sociales), l’exposition accrue à la lumière bleue inquiète. De quoi s’agit-il et quels sont ces dangers ?

Qu’est-ce que la lumière bleue ?

La lumière bleue correspond en fait à une part du spectre lumineux – celle dont les longueurs d’onde vont de 380 à 450 nanomètres. On qualifie cette lumière de « bleue » car ses longueurs d’onde, plus courtes que celles de l’illuminant (source de lumière), sont perçues comme bleuâtres.

La lumière bleue est visible de l’œil humain. Elle représente d’ailleurs environ un tiers de la lumière que nous sommes aptes à percevoir. Elle existe de manière naturelle, via les rayons du soleil ou les éclairs. Mais il existe également des sources artificielles de lumière bleue : les éclairages domestiques, les écrans, les lampes dédiées à la photothérapie (ou luminothérapie) ou tout autre appareil fonctionnant avec des LEDs. Les appareils sources de lumière « blanc froid » sont particulièrement pourvoyeurs de lumière bleue.

Enfin, on parle souvent de lumière bleue pour décrire en fait la lumière bleu-violet, avec des longueurs d’ondes comprises entre  380 et 450 nanomètres. Mais il existe une seconde lumière bleue : la lumière bleu-turquoise, dont les longueurs d’ondes sont quant à elles comprises entre 450 et 500 nanomètres environ. Ces deux lumières produisent différents effets sur l’organisme, lorsqu’exposé à outrance. Or nos modes de vie (exposition prolongée aux écrans, modification des modes d’éclairage à des fins d’économie d’énergie) ont drastiquement changé notre exposition à la lumière bleue. Les répercussions commencent d’ailleurs à être nettement observées par le corps médical.

En quoi la lumière bleue est-elle dangereuse ?

La lumière bleue en elle-même n’est pas dangereuse. C’est l’exposition fréquente et prolongée à la lumière bleue qui la rend dangereuse.  Or :

  • Le remplacement des sources d’éclairage à incandescence par d’autres sources de lumière (diode électroluminescente ou LED, lumière « blanc froid »), ainsi que l’augmentation de la pollution lumineuse (hausse de 2,2% entre 2012 et 2016, à l’échelle mondiale(2)) ont accru cette exposition.
  • Notre usage croissant des écrans – télévision, ordinateur, smartphones et tablettes, tant dans notre activité professionnel que nos loisirs, a également contribué à accroître notre exposition.

Ainsi, nous sommes aujourd’hui davantage soumis aux effets néfastes de la lumière bleue. On en répertorie principalement deux.

L’impact sur la santé ophtalmique

La lumière bleue a, en soit, une importance pour nos aptitudes à la vision. Elle remplit en effet des fonctions importantes dans notre aptitude à percevoir les couleurs. Elle contribue également à la contraction réflexe de la pupille. Mais des expositions répétées et/ou prolongées à la lumière bleue peuvent :

  • Causer une inflammation de la cornée(3) et ainsi engendrer un phénomène d’œil sec(4)
  • Détériorer la rétine, en causant une dégénération et une modification de sa morphologie(5)
  • Provoquer des dommages au niveau de la barrière rétinienne (imperméabilité sanguine)(6), voire une nécrose ou une apoptose des cellules rétiniennes(7)
  • Engendrer une dégénérescence maculaire liée à l’âge, en accélérant le vieillissement de la rétine (stress oxydatif)(8)

L’impact sur le rythme circadien

Le rythme circadien est en fait le rythme biologique « naturel », sur une durée de 24 heures environ. Il s’agit en fait du rythme veille-sommeil, qui gère le quotidien de bon nombre d’espèces, comme l’être humain. La lumière bleue, naturellement présente dans la lumière du jour, participe à la régulation du rythme circadien, captées par les cellules ganglionnaires de la rétine. Ainsi, naturellement, notre perception de la lumière via nos yeux  permet de « déclencher » naturellement les états de veille (exposition à la lumière du jour) et les états de sommeil (baisse du niveau de lumière bleue perçue). 

Cependant, la surexposition à la lumière bleue la nuit, via les écrans et/ou les éclairages artificiels, perturbe l’horloge circadienne, avec des conséquences notables sur la santé(9) :

  • Une sur-stimulation cérébrale
  • Une augmentation de la sécrétion de cortisol (surnommé « hormone du stress »)
  • Une réduction de la production de mélatonine (surnommée « hormone du sommeil »)
  • Une dégradation notable de la qualité du sommeil et, plus généralement, des cycles veille-sommeil

Les publics les plus fragiles

Tous les individus doivent faire attention à leur exposition à la lumière bleue. Néanmoins, certains publics sont particulièrement fragiles :

  • Les bébés, enfants et adolescents, car leur développement ophtalmologique est en cours (par exemple, cristallin plus clair).
  • Les femmes enceintes dont le rythme biologique, déjà perturbé, risque de pâtir davantage encore, d’une exposition abusive à la lumière bleue.
  • Les personnes souffrant de pathologies ou d’anomalies oculaires : troubles de la vision, malformation, personnes âgées (cataracte, DMLA).
  • Les migraineux, sensibles à la lumière.
  • Les professionnels, particulièrement ceux exposés toute la journée aux éclairages à LED, ainsi que les travailleurs de nuit, dont le rythme circadien est déjà altéré.

Quelles solutions pour se protéger des effets de la lumière bleue ?

Les autorités de santé, à l’instar de l’ANSES, mettent régulièrement à jour leurs préconisations à usage du grand public, en matière d’exposition à la lumière bleue. Ainsi, la première protection reste l’information(10), puisqu’un public régulièrement informé sera plus à même de prendre de bonnes décisions pour sa santé.

Ceci étant dit, les solutions pour se protéger des effets de la lumière bleue sont relativement bien connues.

Elles consistent tout d’abord à limiter son exposition à la lumière bleue, à son domicile, surtout le soir venu. Pour ce faire, il est recommandé de :

  • Utiliser un éclairage domestique de basse température (« blanc chaud » plutôt que « blanc froid »), en-dessous de 3000 K.
  • Privilégier les sources d’éclairage indirect et s’équiper de lampes avec abat-jour (lumière tamisée).
  • Acheter des équipements domestiques aux normes, en matière de lumière bleue.
  • Éviter au maximum l’utilisation des écrans le soir et plus encore, la nuit.

En outre, le port de lunettes « filtrantes » peut sensiblement aider. Elles ne dispensent pas  de mesures d’évitement de la lumière bleue, car elles ne parviennent à filtrer que 20 % environ du rayonnement bleu. Aussi, elles ne constituent pas une protection infaillible face aux méfaits de la lumière bleue.

Enfin,  il peut être envisageable de régler son/ses écrans, en utilisant un réglage moins bleu (« warm) ou en ayant recours au filtre « lumière bleue » (disponible sur la plupart des téléphones et tablettes actuels).  Ce réglage est particulièrement recommandé le soir, dès la pénombre installée. Mais, comme pour les lunettes, il est un palliatif relatif, et ne dispense pas des mesures d’évitement.

Références

(1) Enquête Statista : Nombre d’heures passées par jour devant les écrans en France 2019

(2) Article de Sciences Advances, Novembre 2017 : Artificially lit surface of Earth at night increasing in radiance and extent

(3) 2016, Lee, Cui, Li, Choi, Choi, Li, Kim, Choi, Yoon, Correction: Influence of Light Emitting Diode-Derived Blue Light Overexposure on Mouse Ocular Surface

(4) 2014, Lee, Kim, Lee, Kim, Ahn, Li, Yoon, Blue light-induced oxidative stress in human corneal epithelial cells: protective effects of ethanol extracts of various medicinal plant mixtures

(5) 2016, Kim, Ki, Paik, Jung, Kang, Kim, Functional and morphological evaluation of blue light-emitting diode-induced retinal degeneration in mice

(7) 2015, Geiger, Barben, Grimm, Samardzija, Blue light-induced retinal lesions, intraretinal vascular leakage and edema formation in the all-cone mouse retina

(8) 2004, King, Gottlieb, Brooks, Murphy, Dunaief, Mitochondria-derived reactive oxygen species mediate blue light-induced death of retinal pigment epithelial cells

(9) 2013, Sui et al., Is sunlight exposure a risk factor for age-related macular degeneration? A systematic review and meta-analysis

(10) 2017, Gabel et al., Differential impact in young and older individuals of blue-enriched white light on circadian physiology and alertness during sustained wakefulness

(11) Pour consulter les travaux de l’ANSES : LED : les recommandations de l’Anses pour limiter l’exposition à la lumière bleue

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