Le jeûne de trois jours : qu’en penser ? - CalculerSonIMC
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Le jeûne de trois jours : qu’en penser ?

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Hippocrate aurait affirmé qu’ « il faut être mesuré en tout, respirer l’air pur, faire tous les jours de l’exercice physique et soigner ses petits maux par le jeûne plutôt qu’en ayant recours aux médicaments ».  Dès l’Antiquité, donc, le jeûne était préconisé et pratiqué. Aujourd’hui, le jeûne est extrêmement populaire, sous toutes ses formes : jeûne intermittent, régime OMAD, jeûne 5 : 2… Mais certaines personnes ne jurent que par le jeûne de trois jours, qui serait excellent pour la santé, et devrait être pratiqué au moins deux fois par an, au printemps et à l’automne.  Que penser alors de ce rythme de jeûne, et est-il vraiment bénéfique ?

Qu’est-ce-que le jeûne ?

Il s’agit d’une privation de nourriture, accompagnée ou non d’une privation de boisson. On distingue donc le jeûne hydrique du jeûne sec. La pratique volontaire du jeûne est ancestrale : il était souvent préconisé dans un contexte spirituel, à des fins purgatoires et d’expiation des péchés. Aujourd’hui encore, le jeûne partiel ou le jeûne intermittent sont suivis, dans le cadre de la pratique religieuse. C’est le cas du Carême chrétien ou du Ramadan musulman.

Quel est le principe du jeûne de trois jours ?

S’agissant du jeûne de trois jours, l’optique est sensiblement différente. Son objectif premier est une détoxification profonde du corps.  Le premier à en défendre les bienfaits était Otto Buchinger, un médecin allemand. Ce dernier, dès 1935, publiait d’ailleurs un « guide » du jeûne thérapeutique, aujourd’hui souvent cité par les adeptes de la pratique.

Le jeûne de trois jours est donc un jeûne court. Il implique :

  • L’absence complète de prise alimentaire
  • La prise de boissons, à raison d’eau et de tisanes tout au long de la journée et, éventuellement et selon les écoles, d’un jus de citron additionné d’eau le matin et de bouillon de légumes sans sel ni corps gras, le soir.
  • L’arrêt des excitants comme le thé, le café et le tabac

En outre, pendant la période de jeûne, il est vivement conseillé de :

  • Faire des étirements et des exercices doux (comme du yoga), pour activer la circulation du sang et de la lymphe.
  • Marcher et s’oxygéner le plus possible, pour éviter certains des effets indésirables (dont les migraines) et activer le métabolisme.
  • Éviter le stress et privilégier plutôt la lecture, la méditation, le soin de soi.

Est-il nécessaire de se préparer avant de se lancer dans un jeûne de trois jours ?

Pour pratiquer le jeûne de 3 jours sans risque, il est conseillé de prévoir trois jours de préparation. Cette phase préparatoire a pour but d’habituer progressivement le corps à se passer de ses sources communes d’énergie, pour entamer sa détoxification.

  • À J-3, il est conseillé de supprimer tous les produits d’origine animale : la viande, le poisson, mais aussi les œufs, les produits laitiers, les produits contenant l’un de ces ingrédients. Il est également préconisé d’arrêter tous les excitants : café, thé, tabac, alcool.
  • À J-2, il s’agit de supprimer de sa diète alimentaire toute forme de glucides : les sucres rapides mais aussi les sucres lents (pain, pâtes, riz…), les légumineuses, les oléagineuses (noix, amandes, noisettes…) et les pommes de terre. On doit continuer de consommer des légumes cuits comme crus, accompagnés d’une petite quantité d’huile vierge pressée à froid (olive, sésame, tournesol, pépin de raisin…).
  • À J-1, l’alimentation solide doit être exclue. On se contente d’eau, de tisanes, de jus de légumes sans sel et à volonté et de jus de fruits avec modération.

Comment reprendre l’alimentation après un jeûne de trois jours ?

La reprise alimentaire doit se faire progressivement. En effet le tube digestif ayant été complètement vidé, il est important de lui laisser le temps de se réajuster. Aussi, il est conseillé de reprendre la phase préparatoire au jeûne, dans le sens inverse :

  • Les premiers jours, réintroduire les fruits et légumes, en petite quantité. Prendre le temps de bien mastiquer chaque aliment, car la digestion commence dans la bouche. S’arrêter avant d’atteindre la satiété, pour ménager le système digestif.
  • Ensuite, recommencer à consommer des céréales complètes, des légumineuses et des oléagineuses, tout en laissant la part belle aux fruits et légumes et boissons.
  • Enfin, après quelques jours, réintroduire les protéines animales dans son alimentation quotidienne, en privilégiant des modes de cuisson sains et pauvres en graisses.
  • Éviter la reprise des « toxiques », comme le sel, le sucre, l’alcool.

Quels sont les prétendus bienfaits du jeûne de trois jours ?

Le postulat  est le suivant : à partir de trois jours de jeûne total, le corps se détoxifie en profondeur. En tout cas, les phénomènes physiologiques avérés sont les suivants :

  • Les réserves de glycogène s’épuisent, si bien que la glycémie sanguine diminue.
  • Le corps, pour trouver de l’énergie, va puiser dans ses réserves lipidiques (graisse), pour fabriquer le glucose nécessaire à son bon fonctionnement. On appelle ce processus la néoglucogénèse.

Les adeptes arguent que le jeûne total permet en outre de renouveler son système immunitaire, car l’ensemble des toxines seraient complètement évacuées du corps. Ainsi il permettrait de totalement nettoyer les organes émonctoires :

  • Purge digestive permettant de mettre son foie, son pancréas et son estomac au repos, et de rééquilibrer sa flore intestinale
  • Régénération de la peau avec réduction du sébum et oxygénation profonde
  • Amélioration de la santé cardiovasculaire
  • Sérénité et paix mentale retrouvées, après la phase normale de fatigue
  • Perte de poids

Enfin, et toujours selon ses partisans, un jeûne « idéal » devait durer 7 jours (on parle alors de jeûne prolongé). En effet, entre le cinquième et le septième jour, le corps s’adapterait : la perte protéique (entraînant la fonte musculaire) se ralentirait et l’organisme se mettrait en mode « survie ».

Que disent les études à propos du jeûne de trois jours ?

De nombreuses études ont été menées à propos des prétendues vertus du jeûne.

Beaucoup affirment en tout cas que le postulat de départ au jeûne, à savoir « détoxifier l’organisme » est erroné(1). Et pour cause : les toxines accumulées dans l’organisme sont naturellement éliminées par les organes émonctoires, puisqu’il s’agit de leur première fonction(2). Aussi,  la motivation première du jeûne n’aurait aucun fondement.

Selon le Ministère français de la Santé, « il n’existe pas à ce jour d’études scientifiques suffisamment nombreuses et rigoureuses permettant de conclure quant à son efficacité thérapeutique ou préventive »(3). Cette affirmation se base sur un examen des différentes études menées depuis les années 1960, ainsi que sur les conclusions de l’INSERM.

D’autres rumeurs prêteraient au jeûne des vertus anti-cancéreuses. Pour autant, aucune étude n’a prouvé de bénéfice du jeûne de 3 jours ou du jeûne intermittent sur la prévention ou le traitement du cancer(4). Il en va de même pour les bienfaits « anti-âge » du jeûne : rien ne prouve aujourd’hui qu’il permette de ralentir le vieillissement(5).

Une chose est sûre : le jeûne est toujours sujet à controverse et à étude, afin d’en déterminer les réels bienfaits sur la santé. Et si l’on souhaite se lancer dans l’aventure du jeûne de trois jours, mieux vaut au préalable consulter un médecin.

Quelles sont les contre-indications au jeûne de trois jours ?

Certaines personnes, de par leur constitution ou leur état de santé, doivent s’abstenir de pratiquer le jeûne de trois jours. Il s’agit :

  • Des personnes dont l’IMC est trop bas – état de maigreur
  • Des personnes souffrant de diabète, de troubles thyroïdiens, d’hypotension, d’épilepsie, de sclérose en plaques
  • Les insuffisants rénaux, hépatiques, cardiaques ou cérébrovasculaires
  • Les personnes sous traitement corticoïde, antihypertensif, antidiabétique, psychotrope, anticoagulant, antiépileptique…
  • Les femmes enceintes ou allaitantes
  • Les enfants et adolescents
  • Les personnes âgées

Elles encourent de nombreux risques, dont l’aggravation de leurs symptômes, un épuisement et/ou une dénutrition peu souhaitables.

Références

(1) 2012, Ernst, Alternative detox

(2) 2011, Bender, The Detox Delusion

(3) Ministère de la Santé, note sur le jeûne thérapeutique : fiche_jeune

(4) 2017, Rapport d’expertise collective du Réseau National Alimentation Cancer Recherche : Rapport+NACRe-Jeûne-regimes-restrictifs-cancer_

(5) 2005, Le Bourg, La restriction calorique, un moyen de retarder le vieillissement et d’augmenter la longévité ?

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