Et oui, nous continuons la rubrique « Interview » !
Souvenez-vous, nous avions commencé avec l’Interview d’Angélique, qui avait rencontré un franc succès.
Nous revenons aujourd’hui avec une seconde Interview : celle de Mel qui a très sympathiquement accepté de répondre à nos questions. Elle tient un blog (vous trouverez le lien en fin d’Interview) : n’hésitez pas à lui rendre visite et vous en apprendrez encore davantage !
Pouvez-vous vous présenter ?
Je m’appelle Mel, j’ai 32 ans, bientôt 33. Je suis mariée et j’ai une adorable poupette de 4 ans. Mon parcours « santé alimentaire » a été, comment dirais-je, plus que chaotique : victime des régimes depuis enfant, anorexie pendant plus de 7 ans, des hauts, des bas… et après des années à chercher de l’aide, mais du « vrai » soutien, celui qui guérit et pas celui qui apaise la surface de l’iceberg, j’en suis sortie grandie, formée en matière de nutrition anticonformiste et en matière de développement personnel (ou comment mettre fin aux addictions, peurs, culpabilités..).
A partir de quel âge ne vous êtes-vous plus senti à l’aise dans votre corps ? Pourquoi ?
Ma maman ayant souffert d’obésité enfant, elle s’est toujours battue contre ce corps et ces kilos, avec un arrière goût de honte et de rancœur contre ceux qui se sont moqués. Du coup, étant un bébé un peu potelé et une petite fille aux belles joues (mais aux courbes de poids dans la moyenne), elle a contrôlé mon alimentation très jeune. J’en ai un peu souffert enfant, parce que je ne pouvais pas manger des bonbons comme mes cousins…. Et j’en ai cultivé un besoin de « compenser » le manque les fois où mes parents n’étaient pas là pour me dire stop :-). Mais j’avais plein d’amoureux, donc, j’étais bien dans ma tête. Ado, je me suis développée très vite, avec un beau 95C à 12 ans… l’horreur pour moi. Surtout qu’a l’adolescence, c’est là où les jeunes, notamment les filles emmagasinent de la graisse pour le bon développement hormonal, graisse qui s’évacue d’elle-même une fois que le corps n’en n’a plus besoin… Mais personne ne m’a jamais expliqué ça ! Du coup, un peu rondelette, mes régimes se sont intensifiés, avec leur lot de yoyos, de frustrations, de « gavage », de culpabilité… et ces régimes m’ont en fait fait prendre plus de poids qu’autre chose. Je n’étais pas obèse, mais ronde, avec au point culminant 62 kilos pour 1.62m à 16 ans. Mais j’étais surtout très mal dans ma peau et c’est à ce moment que j’ai décidé, par moi-même pour la première fois, qu’il fallait que je fasse attention. Et j’ai découvert l’incroyable leurre du comptage de calories….. jusqu’à tomber dans la spirale infernale de l’anorexie à 20 ans… Je ne peux pas tout expliquer ici, ce serait trop long, mais je crois que c’est plus détaillé sur mon blog 🙂
Et aujourd’hui, où en êtes-vous avec votre corps et avec votre poids ?
C’est très surprenant…. Je revois un de mes oncles qui me disait méchamment quand j’étais gamine « mais de toutes façons, tu ne seras jamais mince ! »… Je n’ai pas l’esprit de revanche, de rancœur ou de colère, j’ai trouvé ma paix intérieure 🙂 Mais s’il me voyait aujourd’hui, je crois qu’il avalerait sa langue ! Je ne me pèse jamais, à part lors de visites médicales. Je suis mince, voire trop mince à mon gout et au gout de mon mari : je dois peser dans les 44 kilos. Et pourtant, je mange plus que pendant ma période d’anorexie et je suis passée de 10h de sport pendant cette sale période à 2 fois 30 mins. Je sais, c’est inconcevable… Si on m’avait dit que c’était possible, jamais, au grand jamais je n’aurais fait de régime ni ne serais tombée dans cette ano… mais comme je suis convaincue que « rien n’arrive pour rien », cette « expérience » m’a permis de découvrir la façon de manger la plus saine, tous les mensonges des conseils diététiques classiques, des régimes hypocaloriques etc. et surtout d’aider les autres. Bref, au niveau émotionnel et psychologique, j’ai traversé l’enfer, l’enfer des privations, des comportements « autorisation/ punition », du sport à outrance etc… J’ai trouvé ma paix intérieure, via l’alimentation, via des techniques comme l’eft, etc…
Quels sont les principales choses et/ou les principales personnes qui vous ont aidé à sortir de votre anorexie ? Quel a été le « déclic » (si toutefois il y en a eu un particulier) ?
Ce serait bien trop long à décrire ici, encore une fois je raconte tout sur mon blog. Le déclic…. Je crois que je suis arrivée au bout de moi-même et je me suis dit « soit tu choisis de rester avec ta copine « Ano », en restant seule, déprimée, coupée du monde mais mince, soit tu coupes les ponts avec elle, tu choisis la vie, les amis, l’amour et tu acceptes de redevenir « normale » ». Choix cornélien pour une anorexique, car on est tellement bien avec ce statut…Et surtout, jeune mariée, je voulais un enfant…. Et impossible avec mon anorexie, car je n’avais plus mes règles et impossible de les faire revenir…
Pour résumer, ce sont les praticiens américains qui m’ont sorti de là, je peux citer Julia Ross qui traite les troubles du comportement alimentaire comme des addictions, Gary Taubes, Jack Kruse… et une belge formidable, qui m’a formée par la suite, Taty Lauwers.
Vous vous êtes tourné vers une multitude de méthodes différentes, et vous plébiscitez désormais les méthodes « non-privatives » (à contrario des régimes donc), et même plus précisément l’alimentation type « paléo », c’est bien cela ? Combien de régimes, de méthodes ou d’astuces « privatives » avez-vous essayé jusqu’à présent ?
Mon dieu… toutes !!! J’ai tout essayé, et comme j’etais très avant-gardiste, j’ai même pris de l’agar agar et du Konjac avant même leur arrivée ici ! J’ai vraiment tout fait, les jeuns, weight watchers à ma sauce, le comptage des calories etc… mais surtout, ce que j’ai suivi pendant toute cette periode, soit à peu près 28 ans (et oh combien je le regrette !), c’est le 0 gras ! Quelle bêtise… si on m’avait dit à l’époque que c’est justement en mangeant plein de bonnes graisses (attention, pas toutes sortes de graisses !) que je fonderais et que je serais si bien dans me tête… Non à la place, on nous dit de manger des feculents, du pain, des fruits, bref du sucre, mais surtout pas de graisse…
Aujourd’hui, je suis plutôt en mode paleo, mais version « high fat low carb » : en fait, on m’a décelé une intolérance au gluten et lactose (très à la mode maintenant c’est dingue) il y a de cela 10 ans. Ca a été un véritable choc, surtout qu’à l’époque personne ne connaissait et on me prenait pour une extraterrestre. Bref, avec mon anorexie, j’ai développé des problèmes d’intestins, et beaucoup d’autres intolérances, notamment à toutes céréales, légumineuses et fructose.. Du coup, il est vrai que mon alimentation est composée à 70% de bonnes graisses (voir mon blog), 25% de proteines et le reste de legumes, chocolat noir 100% etc… Et surtout, ce qui m’a changé la vie , c’est de changer de rythme sportif et de sport : pendant environ 10 ans, je me suis levée à 5h du mat pour etre sûre de pouvoir faire une heure et demie de stepper (vous savez, le stepper bleu de Decathlon) à un rythme hyper lent, même les week ends, jours fériés ect… Et en rentrant du boulot, je repassais en steppant de nouveau… Bref, j’etais crevée de me lever si tôt, je perdais beaucoup de temps la dedans au lieu de m’occuper de mon mari et de ma fille, et surtout je ne sais même pas dans quel mesure ce faux sport contribuait à mes envies de sucre… C’est une veritable addiction, la dernière que j’ai eu à combattre… Aujourd’hui, je ne fais plus que une à deux seances de « muscu » d’une demi heure par semaine. Et là je vois des resultats sur mon corps : je vous recommande la lecture de Body by science, vous comprendrez !!
Qu’auriez-vous envie de dire aux internautes qui ne voient la perte de poids qu’à travers la privation ?
De changer radicalement 🙂 Où plutôt de se poser les vraies questions quant à l’efficacité de ces régimes : s’ils marchaient réellement, personne n’aurait besoin d’en refaire, non ? Et surtout, toujours se priver…. Ça ne peut exister, ce n’est pas viable ! D’où les yoyos 🙂 mais chacun fait comme il veut et surtout comme il peut, car les barrières psychologiques sont très dures à franchir.
Comment s’y prendre pour aider une personne qui souffre d’anorexie ? Quels conseils donneriez-vous aux internautes qui connaissent, dans leur entourage, une personne anorexique ?
C’est tellement compliqué d’aider une personne ano… car elle doit s’aider elle-même, c’est le seul moyen pour elle de s’en sortir, il faut qu’elle le veuille vraiment. Mon conseil : ne pas la juger parce qu’elle ne fait pas exprès d’être comme cela, elle est habitée par une force plus puissante que sa propre volonté, elle lutte comme elle peut. Etre présent quand elle en a besoin…
Vous proposez un soutien aux pour « les victimes de régime », pourriez-vous nous en dire davantage ?
Les victimes des régimes sont tout ceux et celles qui en ont commencé un un jour… parce que l’effet yoyo se met en place et du coup on enchaine régime sur régime, on chamboule complètement notre systme hormonal et notre corps perd sa capacité naturelle à bruler de la graisse et pas du sucre… Il suffit d’oublier tout ce qu’on a appris sur la diététique depuis toujours et de s’alimenter différemment, en fonction de son profil profond. On est tous différent, alors comment un seul et même regime marcherait pour tous ? Il faut s’alimenter en fonction de son profil.
Que pensez-vous de l’IMC (Indice de Masse Corporelle) ?
C’est un indice mathématique intéressant pour savoir se situer d’un point de vue médical. Il doit être considéré comme tel, et pas comme un outil pour atteindre des « performances » du type « je veux passer en dessous des 17 ».
Voulez-vous nous parler de votre blog ? C’est le moment de faire de la publicité 😉
www.caloriepholie.com, c’est mon histoire, tout ce que j’ai experimenté pour m’en sortir, des conseils, des liens. Quand je l’ai créé, je l’ai fait avant tout pour moi, comme une thérapie pour me dire que ce que j’avais vécu pouvait servir aux autres. Il est authentique, bourré des notes et conseils anti-diététiques classiques dont je parle dans les questions précédentes. J’ai beaucoup de contacts via ce blog, j’en suis la première étonnée, et peinée aussi parce que c’est le reflet de notre société : tellement de personnes souffrent alimentairement parlant…. Et ne trouvent aucune aide.
Votre blog va-t-il durer encore longtemps ?
Tant que j’en aurai la demande !!! Tant qu’il sera utile. Je manque de temps pour le mettre à jour, mais bon, il est déjà assez dense pour un premier venu !
