Interview d'Angélique, blogueuse sur l'anorexie - CalculerSonIMC
Interview & Témoignages

Interview d’Angélique, blogueuse sur l’anorexie

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Sur CalculerSonIMC, nous avons décidé de laisser, de temps à autres, la parole à certains blogueurs ou blogueuses afin qu’ils répondent à quelques questions sur des sujets sur lesquels ils ont l’habitude d’écrire.

En ce 13 Mars, c’est donc Angélique qui signe la toute première interview de CalculerSonIMC. Cette jeune maman a un blog sur l’anorexie et la boulimie, et elle a très sympathiquement accepté de répondre à certaines questions afin que vous puissiez avoir un point de vue éclairé sur l’anorexie et les troubles du comportement alimentaire.

Pouvez-vous vous présenter ?

Je suis une jeune femme de 29 ans. Maman d’une petite fille de 2 ans et demi. Je tiens un blog sur les TCA depuis bientôt 8 ans.

Pendant combien de temps avez-vous été anorexique ?

Je suis anorexique depuis 2000, ça va mieux maintenant mais je ne me considère pas comme guérie

A l’époque où votre anorexie a commencé, vos parents s’en sont-ils rendu compte de suite ? Comment ont-il réagi ?

Ma mère s’en est rendue compte assez rapidement. Quelques années auparavant, j’étais suivie au chu des enfants de Brabois pour un régime, ils avaient évoqué des risques d’anorexie.

Quand quelques années plus tard, j’ai recommencé un régime elle a rapidement vu que ça dégénérait. Il faut dire aussi qu’au moins une fois par semaine elle venait me rechercher à l’infirmerie du lycée parce que je n’allais pas bien. Mon anorexie a pendant longtemps été doublée d’une grave dépression. Un beau jour, après m’avoir récupéré une enième fois à l’infirmerie du lycée, sur le chemin du retour elle m’a dit que j’étais anorexique. Je suis tombée des nues parce que je ne savais pas vraiment ce qu’était l’anorexie et je ne me rendais même pas compte que je ne mangeais plus.

A l’époque où cette anorexie a commencé, combien de temps vous a-t-il fallu pour comprendre qu’il s’agissait bien d’anorexie ? Comment cela s’est-il déroulé ?

Je me souviens d’un épisode où ma mère m’a pesé à quoi deux jours d’intervalles Plusieurs kilos s’étaient envolés et je ne comprenais pas où. J’ai dû mettre deux bonnes années pour réaliser ce qu’était l’anorexie, que j’étais vraiment anorexique. Je crois que ça m’a aidé de trouver des personnes souffrant de la même pathologie que moi sur Internet.

La guérison de votre anorexie s’est grandement accéléré avec l’arrivé de votre premier enfant, qu’aimeriez-vous dire aux internautes à ce sujet ?

Ne jamais perdre espoir. J’ai l’impression que c’est vraiment lorsqu’on y croit plus vraiment qu’on commence à aller mieux. Peut-être parce qu’on accepte enfin à 100% nos TCA à ce moment-là.

Qu’auriez-vous envie de dire aux internautes qui prétendent que l’anorexie ne se guérit pas ?

Qu’ils n’ont pas tords. Je crois en la rémission mais je ne crois pas à la guérison. L’anorexie est une addiction, une addiction ne se guérit jamais. Mais ça n’empêche pas d’aller mieux, de retrouver sa joie de vivre, d’être plus en harmonie avec soi-même. Après je pense que tout dépend aussi de combien de temps l’anorexie dure. Je pense qu’on peut sortir indemne d’une anorexie courte mais quand elle devient chronique même lorsqu’on va mieux il y a des reste

Comment s’y prendre pour aider une personne qui souffre d’anorexie ? Quels conseils donneriez-vous aux internautes qui connaissent, dans leur entourage, une personne anorexique ?

Ne pas oublier de lui dire qu’on l’aime malgré sa maladie. Ne pas la culpabiliser.

Pendant votre anorexie, savez-vous ce que vous recherchiez exactement ? Vous vouliez surement être mince et heureuse, mais était-ce vos seuls objectifs ou bien recherchiez-vous autre chose ?

Je ne cherchais rien de particulier. J’ai commencé un régime pour perdre un kilo et être heureuse. C’est le message de notre société : la minceur = le bonheur. C’est ajouté une dépression et je ne me suis plus rendue compte que je ne mangeais plus. A un moment donné je ne cherchais même plus à perdre du poids, je le perdais sans  m’en rendre compte.

Beaucoup d’internautes considèrent l’anorexie comme une dépendance plus qu’une maladie. Certains l’assimilent par exemple au tabac et ne comprennent pas que l’anorexie est une maladie. Qu’auriez-vous envie de dire à ce sujet et considérez-vous vous-même l’anorexie comme une dépendance ?

Les addictions sont des maladies. L’anorexie est considérée comme une addiction ça n’en reste pas moins une maladie psychiatrique. Les gens ont de nombreux préjugés sur l’anorexie, le plus souvent ils considèrent l’anorexie comme un caprice et pensent que l’anorexie est voulue. Non l’anorexie est une vraie maladie. Une maladie mortelle. Une maladie qui nous gâche la vie et notre santé. Et aller mieux ce n’est pas une question de volonté. Autant dans les autres dépendances on peut s’éloigner de son addiction, mais avec l’anorexie on ne peut pas, il est nécessaire de manger pour vivre.

Pour vous, quelles sont les principales causes de l’anorexie à l’heure actuelle ? Pensez-vous qu’il s’agisse de facteurs environnementaux au niveau de la société en elle-même tels (image de la femme mince par exemple), ou bien qu’il s’agisse d’autres facteurs ? Qui impose particulièrement, aujourd’hui, ce désir de la « femme mince » ?

L’anorexie est une maladie multifactorielle. Il y a déjà un côté génétique. Il y aussi souvent des points communs entre les malades : une faible estime de soi, un perfectionnisme, des angoisses, une dépression. L’anorexie c’est une addition de pleins de petites choses et un jour le verre déborde.

L’apologie de la maigreur de la société n’aide pas dans le sens où un jour on essaie de maigrir pour être belle et heureuse comme la société nous le fait croire. Mais ce n’est pas ça qui fait qu’on devient anorexique. D’ailleurs l’anorexie existait bien avant le culte de la maigreur.

Le culte de la maigreur est surtout dur pour guérir, on est dans une société qui vénère la maigreur, comment reprendre sereinement du poids ?

Pour moi le culte de la maigreur est nocif pour toutes les femmes, plus de 70% des femmes sont mal dans leurs peaux à cause de cet idéal de maigreur.

Que pensez vous de l’IMC (Indice de Masse Corporelle) ?

C’est un indicateur comme un autre. Je pense qu’il ne faut pas en faire une obsession. L’important est d’être bien dans son corps et dans sa tête.

L’IMC est-il, selon vous, utile pour les personnes qui souffrent d’anorexie ?

Non parce que les médecins ont décrété qu’on était anorexique si on a un imc de moins de 18,5. Si de nombreuses anorexiques sont maigres, il y a aussi de nombreuses anorexiques avec des poids quasi normaux parce qu’elles alternent des périodes de fortes restrictions et des périodes de crises. Le problème lorsqu’on n’est pas maigre la médecine ne nous prend pas aux sérieux alors que la souffrance reste la même, voire pire puisqu’on reste anorexique dans la tête mais que le corps dit le contraire.

Voulez-vous nous parler de votre blog ? C’est le moment de faire de la publicité 😉

J’ai commencé mon blog fin 2004. A la base c’était plus un carnet de régime pour me motiver. L’été 2004 j’avais pris du poids et je le vivais très mal. Je ne trouvais plus vraiment de soutien sur les forums de TCA, j’ai donc crée mon blog comme une bouteille à la mer pour raconter mon quotidien, expliquer ce qu’est l’anorexie, rassembler des articles sur le sujet. J’ai été surprise du succès de mon blog. Je reçois d’ailleurs souvent des mails de remerciement, ça me surprend toujours parce que je n’ai pas l’impression d’avoir fait quelque chose d’exceptionnel.

Au fur et à mesure de mon parcours, mon blog a évolué avec moi. Il m’a tenu à cœur de témoigner sur l’anorexie et la grossesse car c’est quasiment un sujet tabou étant donné que pour de nombreux médecins la grossesse est synonyme de guérison.

Votre blog va-t-il durer encore longtemps ? Il fêtera bientôt ses 8 ans si je ne me trompe pas ? 🙂

Bonne question. Même si je l’actualise nettement moins parce que ma vie ne tourne plus autour de l’anorexie, il me tient à cœur de le continuer pour monter que l’on peut aller mieux mais que pour autant ce n’est pas un long fleuve tranquille. Souvent les anorexiques guéries disparaissent du web et finalement on ne sait pas ce qu’il y a après.

NDLR : le blog est disponible à l’adresse suivante : http://eixerona.over-blog.com/

4 Commentaires

  1. Bravo et merci pour ton témoignage. Je pense aussi que l’anorexie ça reste à jamais un peu comme un traumatisme. On ne sors pas indemne d’un tel combat ou on en ressort changé. Je pense avoir évolué en 11 ans de maladie, je sais que je ne veux jamais peser 30 kilos, je sais que je veux vivre loin de tout ca et surtout ne pas s’arrêter de manger à cause des émotions et des évènements de la vie si dur soit ils. Vivre le mieux possible tout simplement et profiter des meilleurs moments!

  2. CalculerSonIMC Commentaire

    Message de CalculerSonIMC : Si vous possédez un blog ou bien si vous avez une expérience particulière à faire part : n’hésitez pas à nous contacter pour une Interview ([email protected]). Nous serions très heureux de mettre davantage en place cette rubrique Interview afin de laisser la parole à d’autres personnes, à l’image de l’interview d’Angélique.

  3. Mel de www.caloriepholie.com Commentaire

    Salut
    Même histoire, même punition.*Ano de 20 à 28 ans, avec des hauts et des bas..
    Pour ma part, je suis tombée dedans à 20 ans, mais je n’ai accepté que j’étais malade que bien après, vers les 21 ans…Avant, impossible d’entendre que j’étais maigre, que je ne mangeais rien, que j’avais perdu ma joie de vivre, mon humour, que ce n’était pas normal de faire autant de sport etc…. J’ai accepté le fait que j’étais « hors norme », et ça me plaisait ? J’existais enfin, puisque on s’inquiétait pour moi.
    Je savais que je devais me nourrir correctement, afin de retrouver une silhouette normale. Une partie de moi était complètement d’accord, mais l’autre partie, l’ennemie jurée, faisait tout le contraire. L’anorexie, c’est un combat interne, une lutte intérieure, bordée d’une culpabilité sans limite. On s’en veut de faire souffrir les autres, surtout quand « on a tout pour être heureux »… On adopte des TOC (troubles obsessionnels compulsifs), on s’inflige des corvées (ménage, à faire TOUS les jours), et si quelqu’un ose nous faire briser le rituel, c’est l’angoisse, on ne vit plus et on se doit de tout recommencer.
    Je pourrais en parler des heures, vous en expliquer les moindres détails…. J’ai maltraité mon corps, j’ai fait des choses insensées pour perdre les quelques calories avalées, jusqu’à me lever en pleine nuit pour courir sur place, en essayant de ne réveiller personne.
    Et surtout c’est une période de stress intense, on vit dans le mensonge, avec la peur de se faire prendre…
    J’ai « perdu » 10 ans de ma vie, perdue dans les méandres de cette put… de maladie. Mais je m’en suis sortie. Comment ? Ah non, pas de passage « de gavage » à l’hopital, pas de « contrat moral », mais grâce aux techniques américaines, evidemment non divulguées en France (il faut bien que les pseudi-psy ou pseudo spécialiste de l’ano fasse leur beurre, non ?).
    Ce serait trop long à expliquer ici et là, mais si vous êtes curieux, venez voir mon histoire :www.caloriepholie.com

    Mel

  4. oui, on peut le rester toute une vie ; avec des TOC et tout, on peut la garder enfoui, elle peut réapparaitre à la faveur d’un évènement et avec des périodes plus ou moins longues et puis enfin où lorsque personne n’est là pour s’en mêler ; lorsque la – les – personne qui t’a empêchée de t’ancrer dans la maladie (maladie ?) n’est plus là pour te mencer (c’est pas exactement le mot ?) d’hospitalisation ; cela peut être motivant (?) pour vivre ; obsédant qq soit ton âge … et les discours psy sont parfois gnangnans et infantilisants … ma mère vient de décéder (après 15a de vie commune) je fais un régime « pommes » et pourtant j’ai l’âge de la fille Chirac (une vieille) je comble un vide

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