Un microbiote défaillant chez la personne en surpoids

Ce n’est pas la première fois que le microbiote est évoqué sur le site de CalculerSonIMC (cf. l’un de nos derniers articles à ce sujet). Nous savons déjà que celui-ci est le siège de nos émotions, qu’il est notre deuxième cerveau, plus sensitif tout en restant le centre stratégique de notre digestion.

(Un microbiote défaillant chez la personne en surpoids)

Il faut savoir que le microbiote est directement influencé par notre hygiène de vie, et pas que du seul point de vue alimentaire. En effet, notre flore intestinale est directement liée aux conditions extérieures. C’est ainsi que, par exemple, les antibiotiques peuvent influer sur le surpoids. D’ailleurs pourquoi les utilise t-on lors des élevages intensifs d’animaux ? Parce qu’ils font grossir les volailles, les poissons et toutes sortes de bestiaux… et il en est de même pour les êtres humains.

La transplantation de selles saines

Que cela concerne des antibiotiques ou n’importe quel autre composé biologique, à partir du moment où ces molécules sont ingérées, elles entrent en interaction avec notre état de santé général. Le stress, les ballonnements, la mauvaise digestion, la régulation de notre poids … tout cela est directement sous contrôle de notre ventre.

Un fait scientifique a pu être constaté par des chercheurs : les personnes minces et saines ont un microbiote spécifique qui se compose de bactéries favorables au bon fonctionnement de la flore intestinale mais aussi de bactéries préjudiciables, à haute dose, à la bonne marche de l’appareil digestif. A l’inverse, et cela concerne directement les sujets en surpoids, une flore intestinale déréglée perturbe de multiples fonctions systémiques.

Ainsi, si le microbiote est un sujet d’actualité récurrent depuis quelques mois, c’est que les études qui traitent de son fonctionnement valident les données des scientifiques : les matières fécales sont tout à fait utiles pour remédier au problème du surpoids.

Les chercheurs sont sur la piste du microbiote depuis plusieurs années. Actuellement c’est la technique de transplantation qui est utilisée mais le but des chercheurs est de développer des comprimés médicamenteux qui soient efficaces et faciles à absorber par les utilisateurs. Il n’est pas question d’avaler des matières fécales directement issues du colon de « donneurs lambda », mais bien plus de conserver la garantie d’une hygiène irréprochable.

Une étude plus poussée d’ici Mars 2016

Les critères d’utilisation pour la transplantation des matières fécales sont rigoureux : les donneurs doivent répondre à des règles strictes telles que l’absence totale de pathologie, de troubles intestinaux ou digestifs. L’ANSM (Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des produits de santé) considère que ces formes de traitements concernent non seulement les obèses mais aussi les maladies inflammatoires digestives, les troubles fonctionnels des intestins et les perturbations neuropsychiatriques.

Pour les comprimés de matières fécales, les contrôles seront tout aussi poussés mais les contraintes seront moindres pour les receveurs, même si cela n’est pas partie gagnée. Les recherches sont prometteuses et les études scientifiques vont être poursuivies dans les semaines à venir. Ce sont vingt patients qui seront divisés en deux groupes distincts : le groupe 1 sera traité avec les gélules contenant les selles d’une personne saine, le groupe 2 sera placé sous placebos.

Pour les deux groupes, la durée de la prise médicamenteuse se poursuivra durant deux semaines. Un suivi médical va ensuite être instauré sur une période d’un an avec des pesées régulières, le contrôle de la tension artérielle et des bilans divers afin de déterminer les effets du « traitement » sur les deux groupes.

Les suites de cette étude ne manqueront pas d’être relayées sur notre site. Toujours est-il que cette expérience a, dans les mêmes conditions, déjà été pratiquée sur des souris de laboratoire et qu’elle a été couronnée de succès.

Sources et références

⁽¹⁾ Ilan Youngster. Oral, Capsulized, Frozen Fecal Microbiota Transplantation for Relapsing Clostridium difficile Infection. JAMA DOI:10.1001/jama.2014.13875
⁽²⁾ https://clinicaltrials.gov/ct2/show/study/NCT02530385