Une étude sur le "food porn" ou "porno alimentaire" - CalculerSonIMC
Études Nutrition & Alimentation

Une étude sur le « food porn » ou « porno alimentaire »

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La publicité et la communication visuelle procurent chez le consommateur un fort pouvoir attractif émotionnel envers le produit plébiscité. Le but est de déclencher l’acte compulsif d’achat. Mais que se passe t-il pour l’individu lorsque le passage à l’acte est refréné voire inexistant ? C’est ce qui est analysé dans la revue scientifique « Brain and Cognition ».

Une étude sur le "food porn" ou "porno alimentaire"
(Une étude sur le « food porn » ou « porno alimentaire »)

Qu’est ce que le food porn ?

Ce sont les images présentes dans les magazines, sur internet ou télévisuelles … de plats cuisinés qui excitent les sens du consommateur sans les assouvir. Ces montées gourmandes de sensations ne sont pas sans danger pour le cerveau. Le professeur de psychologie expérimentale de l’Université d’Oxford, Charles Spence relève cet état de fait. Pour lui, ces concentrés d’images nous incitent à s’alimenter davantage et pervertissent notre bon sens physiologique lié à nos habitudes nutritives.

Nous ne mangeons plus par faim. Les experts des perceptions multi-sensorielles gustatives affirment qu’à terme, ces comportements compulsifs poussent au surpoids.

Une faim juste visuelle

L’équipe du professeur Charles Spence met en avant quelques données anodines mais révélatrices. Les tartes, grignotines salées et crèmes glacées se chiffrent, sur internet, en millions d’images alors que les légumes tels que les choux de Bruxelles, les grenades et les betteraves se comptabilisent davantage en milliers.

Force est de constater que la faim visuelle a un fort pouvoir chez le consommateur (2).

Voir sa nourriture avant de l’ingérer est un processus normal explique le scientifique. Mais l’embellir à grand coup de papier glacé, de lumière et d’effets spéciaux est un acte qui peut sembler déviant. Le food porn a pour effet d’exciter le cerveau à tel point qu’une augmentation de 25% de la circulation sanguine est constatée. Ce sont les mécanismes liés à la maîtrise de soi et à la prise de décision qui sont touchés. Les cognitions également car toutes sortes de pensées affluent afin de stimuler nos perceptions, nos sens et nos émotions.

Un processus inquiétant

En fait, d’un coté le consommateur ne demande qu’à craquer et à se laisser aller mais de l’autre, par raison, il se retient de passer à l’acte. Ce comportement est perturbant car la frustration devient une compagne quotidienne. D’autant plus que de l’image au produit fini, le comparatif ne peut qu’être que décevant. Quant au goût … il ne correspond que rarement à la promesse donnée par l’image.

De plus l’étude scientifique montre que le consommateur exposé au porno alimentaire a tendance à opter pour une nutrition peu intéressante pour sa santé. Cela est encore plus vrai pour les personnes en surpoids ou obèses chez qui l’apport de nourriture est addictif.

Une alternative voit le jour

Guylaine Guevremont , nutritionniste, explique que l’attirance visuelle pour la nourriture est stimulante mais que notre état de privation est tel, dans cette société de surabondance, que chacun d’entre nous cherche à compenser cette privation par des images. Pour la diététicienne il est de notre responsabilité de ne pas « tomber dans le panneau », de développer notre sens critique et notre volonté à ne pas céder à la tentation. En fait, ce ne sont que de simples images !

Faute, une fois encore, aux industriels qui ne cessent de déployer des méthodes toujours plus ingénieuses pour nous mettre sous dépendance. A tel point que Charles Spence nous dévoile quelques astuces : une croustille, au son émis sous la dent fort et aigu, paraît plus fraîche. Une mousse à la fraise est perçue plus sucrée dans un bol blanc plutôt que noir.

Il espère que ses recherches pourront lui permettre de trouver de multiples façons de présenter une alimentation saine et sexy à la fois.

Sources et références

(1) Spence C. Eating with our eyes: From visual hunger to digital satiation. Brain Cogn. 2015. PMID: 26432045

(2) Vidéo humoristique. https://www.youtube.com/watch?v=Pje5NxGdHDE

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