Une étude publiée hier dans le Journal of Obesity (1) fait état du constat suivant : pour des personnes atteintes d’obésité viscérale qui réduisent leur apport en calorie, alors faire du sport n’aurait pas ou peu d’influence sur la quantité de graisse présente au niveau du foie.
(Le foie est souvent gras chez les personnes obèses, diabétiques, ou alcooliques)
C’est Eiichi Yoshimura qui a mené les recherches permettant d’arriver à cette conclusion qui va à contre-courant de ce que son équipe imaginait au départ, et qui va aussi à contre-courant d’études qui avaient démontrées l’inverse (3,4)
Déroulement de l’étude
L’étude s’est déroulée sur un panel assez réduit : seulement 33 personnes, toutes atteintes d’obésité viscérale. Ces personnes ont été séparées en deux groupes :
» Un premier groupe de 18 personnes, réduisant seulement leurs apports en calorie
» Un second groupe de 15 personnes, réduisant aussi leurs apports en calorie mais faisant en plus de l’exercice (précisément du vélo ainsi que du running)
La quantité de calorie ingérée par chaque personne était stricte : 25 kcal par kilogramme (en fonction du poids idéal supposé (2) de chacun des individus).
Concernant le groupe faisant de l’exercice, il s’agissait d’à minima 300 minutes réparties :
- » En trois séances d’une heure, supervisées sur 3 jours de la semaine
- » En une (ou plusieurs) séances à domicile, d’au moins 120 minutes.
Soit 5 heures minimum / semaine, pendant 12 semaines consécutives. Les exercices étaient d’une intensité suffisante puisque les participants atteignaient au moins le seuil lactique. De manière plus simplifiée c’est à dire qu’ils étaient environ à 80% de leur fréquence cardiaque maximale.
Résultats : conséquences sur le foie des individus
A la fin de l’étude, la graisse présente dans le foie de chacun des participants avait baissée de manière significative. Par contre, concernant le groupe qui était astreint à un exercice régulier, cela n’a pas eu d’impacts statistiques par rapport à l’autre groupe.
Pourquoi une telle étude ?
Les conséquences d’un « foie gras non alcoolique » sont notamment un risque accru de maladies cardio-vasculaires ainsi qu’une insensibilité de l’insuline (insulinorésistance). S’y intéresser est donc important.
Plusieurs études précédentes avaient permis d’obtenir certains liens clairs liés à l’exercice physique, la réduction des apports en calories et la graisse d’une manière générale. Voici ce qui avait été démontré :
- 1. Lorsque des exercices physiques réguliers sont effectués par l’individu, alors une perte de graisse est constatée au niveau du foie.
- 2. Lorsque la quantité de calorie ingérée est mieux régulée par l’individu, alors une perte de graisse est constatée au niveau viscéral (ainsi qu’au niveau du foie).
- 3. Lorsque la quantité de calorie ingérée est mieux régulée par l’individu et lorsque des exercices physiques réguliers sont effectués par l’individu, alors une perte de graisse est constatée au niveau du foie ainsi qu’au niveau viscérale.
- 4. Concernant la graisse viscérale, il est plus efficace d’accompagner son régime alimentaire d’exercices physiques.
Toutefois, même si ce dernier constat est vrai concernant la graisse viscérale, les chercheurs souhaitaient vérifier si le constat était aussi valable concernant la graisse du foie.
Limitations et conclusion
Si les deux groupes ont perdu en graisse au niveau de foie, ceux qui ont fait du sport n’ont pas eu de bénéfices significatifs à ce niveau là (attention l’étude n’est portée que sur le foie).
Toutefois, une limitation avouée de cette étude clinique est que les participants ayant fait du sport n’ont pas tous fait leur 5 heures par semaine. Quand certains étaient jusqu’à 9 heures par semaine, d’autres n’en ont fait que 3 heures.
Eiichi Yoshimura indique aussi qu’il n’existe pas encore de vrai consensus sur le sujet car des études (3,4) ont déjà contredit cette découverte.
Cependant, même si le rôle de l’exercice physique est donc encore à préciser concernant la perte de graisse au niveau du foie, il n’en reste pas moins qu’une réduction en calorie semble être et rester la méthode la plus efficace. Rappelons qu’un excès de graisse au niveau du foie peut entraîner des dommages sur l’organisme au fil des ans.
Sources
(1) Eiichi Yoshimura, Hideaki Kumahara, Takuro Tobina, et al., “Lifestyle Intervention Involving Calorie Restriction with or without Aerobic Exercise Training Improves Liver Fat in Adults with Visceral Adiposity,” Journal of Obesity, vol. 2014, Article ID 197216, 8 pages, 2014. doi:10.1155/2014/197216
(2) Pour le poids idéal, les chercheurs ont considéré un IMC d’une valeur de 22.
(3) N. A. Johnson, T. Sachinwalla, D. W. Walton et al., “Aerobic exercise training reduces hepatic and visceral lipids in obese individuals without weight loss,” Hepatology, vol. 50, no. 4, pp. 1105–1112, 2009.
(4) G.-J. van der Heijden, Z. J. Wang, Z. D. Chu et al., “A 12-week aerobic exercise program reduces hepatic fat accumulation and insulin resistance in obese, hispanic adolescents,” Obesity, vol. 18, no. 2, pp. 384–390, 2010.
